vendredi 1 avril 2011

Antony Suter lit Beckett en bilingue

Le mercredi 13 avril à 19 heures :


Une naissance difficile

VLADIMIR. – A cheval sur une tombe et une naissance difficile. Du fond du trou, rêveusement, le fossoyeur applique ses fers. [En attendant Godot]

Astride of a grave and a difficult birth. Down in the hole, lingeringly, the gravedigger puts on the forceps. [Waiting for Godot]

Le 24 octobre 1968, Samuel Beckett se confie à Charles Juliet: ‘J’ai toujours eu la sensation qu’il y avait en moi un être assassiné. Avant en moi un être assassiné. Il me fallait retrouver cet être assassiné. Tenter de lui redonner vie… Une fois, j’étais allé écouter une conférence de Jung… Il parlait d’une de ses patientes, une toute jeune fille… A la fin, alors que les gens partaient, Jung resta silencieux. Et comme se parlant à lui-même, étonné par la découverte qu’il faisait, il ajouta - Au fond elle n’était jamais née. J’ai longtemps eu le sentiment que moi non plus je n’étais jamais né.’ [Charles Juliet, Rencontre avec Samuel Beckett, Exportations, Editions Fata Morgana, 1986.]

A partir de cette rare confession, Anthony Suter, spécialiste de l’œuvre de Beckett de par ses cours universitaires, ses mises en scène et ses nombreuses lectures, a rassemblé un choix de textes qui ont trait à la naissance. Une naissance qui donne inévitablement lieu à la mort, mais qui se conjugue avec une expression d’angoisse et de désespoir, ensuite détournée par l’humour noir et l'insatiable soif d'amour d’un être enfin réconcilié avec la vie par l’écriture.



Hospice (pour Samuel Beckett)

Sur des vélos de chambre

avec de faux sourires

de comédiens, retraités

du camp des forcenés,

ils tournent leur temps

dans une course sans suite.

[A.S. , décembre 2010]

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